Dans une société où la transparence est sur toutes les lèvres, la culture du secret n’en finit pas de se développer, Le Média traque les dysfonctionnements de services publics pris au piège de l’argent-roi, mais plus largement les mensonges d’Etat et les infractions des multinationales.
EHPAD, assurances-vie, évasion fiscale et complicité d'État
Le business des Ehpad et des assurances-vie en France rapporte gros. Nous avons enquêté sur ces milliards d’euros qui s’envolent vers les paradis fiscaux. Les entreprises leaders dans ce marché de la vieillesse, organisées en poupées gigognes, finissent très souvent au Luxembourg, à Jersey ou vers d’autres paradis fiscaux, où les flux d’argent deviennent intraçables, sans que l’État, qui arrose copieusement les intérêts privés avec l’aide d’un fonds souverain émirati, ne trouve à y redire.
Lire notre enquête en intégralité :
Nous avons découvert que le groupe DomusVI, troisième groupe d’Ehpad en France, a envoyé au moins 105 millions d’euros au Luxembourg entre mars 2017 et mars 2019.
Nous détaillons l’hyper-rentabilité du secteur des Ehpad et révélons que l’actionnaire majoritaire de DomusVi, le fonds britannique ICG, contrôle la chaîne d’Ehpad au travers d’une structure domiciliée à Jersey, un territoire réputé pour son opacité financière et sa fiscalité avantageuse. Ce montage ne semble pas inquiéter la Caisse des Dépôts et Consignations, le bras financier de l’État, qui a investi dans DomusVi avec le concours d’un fonds d’État émirati, le fonds Mubadala, qui a lui-même investi dans une société d’armement russe.
Pendant ce temps, des salariés de DomusVi voient leur droit à la participation aux bénéfices - obligatoire pour les entreprises de plus 50 salariés - nié par la direction du groupe.
Le fonds Mubadala et les fuites liées à ce dernier nous ont permis de déceler d’autres pratiques tout aussi troubles. Nous avons ainsi suivi le chemin de l’argent des assurances-vie, à travers le groupe AXA, qui détient la troisième place du niveau des encours d’assurance-vie avec 131 milliards d’euros en 2019. En France, l’encours des contrats d’assurance-vie avoisine les 1800 milliards d’euros - une somme près de 8 fois supérieure au budget de l’État en 2019.
AXA investit l’argent des épargnants, via un fonds contrôlé depuis Jersey, dans le même fonds Mubadala. Une partie des assurances-vie françaises finance ainsi le fonds souverain de l’émirat d’Abu Dhabi, lui-même investisseur du Softbank Vision Fund, un fonds d’investissement dédié aux nouvelles technologies qui a perdu 16 milliards d’euros pendant la crise du Covid-19. L’ACPR, le régulateur financier chargé de surveiller les activités des banques et assurances en France, ne semble pas s’en inquiéter...