Chaque semaine, Serge Faubert raconte l’actualité française à travers le prisme des délibérations au Sénat et à l’Assemblée nationale. Ce qui perce de l’esprit des lois et de l’équilibre des forces politiques, au-delà du jeu des petites phrases.
Au revoir Président
Le gouvernement a-t-il encore un cap, hormis celui d’assurer sa survie ? La séquence burlesque de ce début de semaine incite à répondre par la négative.
L’histoire débute lundi. Le quotidien Les Échos révèle que le gouvernement veut mettre fin à une disposition concernant les retraités : l'exonération totale de cotisations sociales sur l'emploi à domicile quand le bénéficiaire est âgé de plus de 70 ans. Cet avantage, mis en place il y a 30 ans, serait désormais réservé aux seuls seniors en perte d’autonomie. Bercy espérait ainsi grignoter 310 millions d'euros en 2020, puis 360 millions les années suivantes.
Sur LCI, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye confirme. Le même jour, Gérald Darmanin, le ministre des comptes publics vante la suppression de l’exonération dans cette langue orwellienne qu’affectionne le macronisme. Aussitôt, dans les rangs de la majorité, on s’affole. En plein débat sur les retraites, cette mesure résonne comme une déclaration de guerre. Pas question de se retrouver une nouvelle fois confronté à un mouvement social. Comme en décembre avec les Gilets jaunes. Le gouvernement avait alors renoncé à augmenter la CSG pour les retraités qui perçoivent moins de 2000 euros par mois. Et il avait dû abandonner la désindexation des petites retraites pour 2020. Toute la journée de lundi, les présidents des groupes Modem Patrick Mignola et La République En marche (LREM), Gilles Le Gendre ont fait le siège de Matignon. Et le lendemain, lors des questions au gouvernement, le Premier ministre enclenche la marche arrière.
AFP