Si, en apparence, de nombreux dirigeants politiques et plusieurs capitaines d’industrie donnent l’impression d’avoir intégré “la règle verte”, un lent écocide se poursuit. Contre le greenwashing, Rémi-Kenzo Pagès enquête et décrypte.
5G : le gâchis énergétique
La 5G, avatar du monde d'après? C'est la question qu'on pose au journaliste Nicolas Berard, auteur de 5G mon amour, enquête sur la face cachée des réseaux mobiles. La 5G serait le révélateur d'un monde énergivore que nous prépare les industriels. Elle interroge notre rapport à la consommation et questionne notre modèle de développement. Ce réseau sans fil cinquième génération doit multiplier les débits par dix. Prévu pour combiner les nombreux objets connectés tels que les voitures autonomes qui doivent arriver sur le marché, la 5G est une condition à la mise en place du smart world, ce projet de monde connecté, structuré par les nouvelles technologies.
Le déploiement de la 5G est imminent. Ce réseau sans fil vient s'ajouter à la 4G, pour couvrir le monde avec l'objectif de ne laisser aucune zone non couverte. Dès le 26 mars, en plein confinement, le gouvernement français approuve une ordonnance afin de faciliter l'implantation et la modification de projets d'antennes-relais dans tous le pays, ce qui prépare le développement de la 5G selon les opposants de ce réseau cinquième génération.
Dans le même temps outre-atlantique, le fortuné Elon Musk, PDG de SpaceX lance en orbite basse des satellites polémiques, prévus pour couvrir de réseau la planète. Une autre entreprise, One Web prévoit aussi d'en envoyer 48 000 de plus afin d'assurer la couverture 5G de la Terre.
Alors que les appels à un monde d'après économe et sobre fleurissent, que le gouvernement français promet de privilégier la santé de la planète et du vivant avant l'économie, toutes nouvelles annonces sonnent comme de fausses promesses et comme la démonstration de l'hypocrisie des politiques. Le déploiements des infrastructures nécessaires au déploiement du réseau nouvelle génération s'ajoute à une longue liste de mesures venant contredire les engagements politiques pour des lendemains qui chantent.
La 5G structure le projet industriel du "smart world" au prix d'une augmentation de la consommation d'énergie (le Think tank The Shift Project estime que l'augmentation de la consommation électrique nationale serait de l'ordre de 2%), les citoyens doivent se préparer à être partout, tout le temps, connectés, sans se poser la question : quelle avantage en retirera la société? Est-ce que ce monde "intelligent" est désirable?
Le coût sera pourtant conséquent. Une étude de McKinsey, corroborée par les mesures de l'association d'opérateurs GSMA, calcule une augmentation des coûts de réseau des opérateurs de 60 à 300%. Autant d'éléments inquiétant sur le monde d'après dans lequel la 5G sera omniprésente. Venu démêler le vrai du faux, le journaliste Nicolas Berard est l'invité du Média. L'auteur de 5G mon amour, enquête sur la face cachée des réseaux mobiles, s'interroge: "Sommes-nous prêt à renoncer aux étoiles filantes?"