Denis Robert reçoit des citoyens engagés, lanceurs d’alerte, intellectuels… Pour des entretiens à bâtons rompus dans lesquels le tutoiement est de mise et dont le présupposé admis par tous est que tout peut arriver.
Lanceur d'alerte : brisé pour avoir fait son devoir | Karim Ben Ali
La vie de Karim Ben Ali s’est arrêtée le jour où le Républicain Lorrain a publié sans le prévenir un article révélant la pollution par Arcelor Mittal d’un étang proche de la Fensch, une rivière traversant la Moselle sidérurgique. Dans la foulée, une autre journaliste publie une vidéo qui va rapidement devenir virale où on l’entend et voit déverser des centaines de litres d’un liquide jaunâtre et fumant dans l’eau et sur les berges du cours d’eau. Karim, devenu ainsi lanceur d’alerte malgré lui, dénonce Arcelor Mittal, Suez environnement le transporteur et Interconseil son agence Interim, comme étant complice d’une grave contamination de la nappe phréatique à l’acide chloridrique. Ce que nie Mittal. Une instruction judiciaire est en cours.
Mais la vie de Karim bascule. C’est ce qu’il raconte dans cet entretien de près d’une heure où on découvre que résister au pression et maintenir sa version ont un coût. "Tu vas au Lidl, à l’ouverture, tu vas chercher des anti-gaspi. Tu peux avoir un morceau de rôti à 50 centimes, tu peux avoir de la salade à 20 centimes. Tu vas à la banque alimentaire, tu abaisses la tête. Après on dit “faites votre devoir citoyen” et finalement tu te prends la carotte."