Défendons la liberté d’expression et de manifestation de Marie et Frédéric Vuillaume, Gilets Jaunes victimes d'un acharnement policier à Besançon
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Frédéric Vuillaume et son épouse Marie, militants syndicaux et gilets jaunes de Besançon, sont l'objet d'un incroyable acharnement préfectoral et policier depuis 2018, à coup de gardes-à-vue injustifiées, d'amendes répétées et d'intimidations de toute sorte. Leur tort ? Exercer leur liberté d'expression et de manifestation... Mardi 2 juin, la cour d'appel de Besançon examinera une condamnation dont ils ont fait l'objet pour « outrage » à Christophe Castaner lors d'une visite de ce dernier en 2019. Leur cas est emblématique de la multiplication des atteintes aux libertés publiques de la part des autorités d'État, raison pour laquelle Le Média soutient la pétition destinée à les soutenir, dont nous reprenons ici le texte.
La crise sanitaire actuelle nous le rappelle : la vigilance pour la sauvegarde des libertés fondamentales est un combat plus important que jamais.
Nous sommes des militants associatifs, auteurs, avocats, journalistes, syndicalistes, élus, citoyennes et citoyens. Nous estimons qu’il est de notre devoir, moral et civique, de faire connaître la situation inacceptable rencontrée par Marie et Frédéric Vuillaume, gilets jaunes de Besançon. Nous appelons à les soutenir alors que des intimidations et des procès visent à réduire leur liberté d’expression et de manifestation. Plus généralement, nous entendons défendre la liberté d’expression face à un gouvernement défaillant dans ses responsabilités, qui tend à la restreindre.
Depuis ses débuts en novembre 2018, Frédéric Vuillaume a participé, en tant que militant syndicaliste ouvrier, au mouvement des gilets. Il a participé à toutes les actions et à toutes les manifestations de ce mouvement, sans aucune interruption.
Le 13 mars 2019, sous mandat syndical FO, Frédéric Vuillaume et son épouse Marie, accompagnés d’un gilet jaune, vont à la rencontre du ministre de l’Intérieur, Monsieur Christophe Castaner. Ce dernier est venu inaugurer le commissariat de Planoise à Besançon. À peine sont-ils arrivés à proximité du commissariat qu'un groupe de CRS leur bloque le passage. Frédéric et Marie, ainsi que la troisième personne gilet jaune, scandent : « Castaner assassin ». Ils sont alors interpelés par les CRS, menottés et conduits au commissariat pour 24 heures de garde à vue. Ils en ressortent avec une convocation au tribunal pour le 29 avril, à la suite de laquelle ils sont condamnés à 1500 euros d'amende avec sursis et 5 ans de mise à l’épreuve. Ils font appel de cette décision. L'audience aura lieu ce mardi 2 juin à 13h30 à la cour d’appel de Besançon.
En août dernier, Denis Robert recevait Frédéric Vuillaume sur le plateau du Média pour un entretien autour des persécutions policières dont il fait l'objet à Besançon :
Ces persécutions ont commencé dès le début du mouvement des gilets jaunes et n'ont jamais cessé depuis. En voici un résumé qui révèle, épisode par épisode, l'incroyable acharnement de la préfecture du Doubs et de la police bisontine.
Pressions et intimidations policières à Besançon : la fabrique du silence
● Le 16 novembre 2018 , lors de la venue d’Emmanuel Macron à Besançon, Frédéric a été violenté par un policier de la BAC qui l’a étranglé avec un tonfa, alors que Frédéric portait une chasuble Force Ouvrière et qu’il scandait des slogans avec un porte-voix. Le même jour, il a eu le petit doigt de la main gauche cassé par un coup de matraque porté par un CRS.
● Le 27 décembre 2018, la police s'est présentée à son domicile le matin à 8h30 pour une convocation dans la demi-heure avec un autre gilet jaune. Cette convocation a été suivie de 8 heures de garde à vue. Frédéric et l'autre gilet jaune sont sortis totalement libres, sans aucune convocation devant le tribunal.
● Le 28 février 2019, à à 6h30, les forces de police interviennent à nouveau à son domicile. La police procède à une perquisition à l'issue de laquelle son smartphone et son ordinateur sont saisis, ainsi qu'une caméra style go pro (Frédéric n’a toujours pas pu récupérer ses affaires à ce jour). Puis la police fouille son véhicule. Frédéric sera ensuite conduit au commissariat par deux policiers, pour 12 heures de garde à vue. Une nouvelle fois Frédéric sortira de la garde à vue sans aucune convocation au tribunal.
● Le 13 mars 2019 ont lieu les faits évoqués plus haut, sur lesquels portera l'audience d'appel de ce mardi 2 juin.
● Le 10 juin 2019, lors de la visite du Président de la République, Monsieur Emmanuel Macron, à Ornans, près de Besançon, Frédéric est déféré à la gendarmerie avec cinq autres personnes. Après avoir reçu une amende de 135 euros, ils sont évacués d'Ornans.
● Le 14 juin 2019, la police apporte au domicile de Frédéric un arrêté d'interdiction de manifester devant le commissariat. Sur place, les policiers en profitent pour verbaliser son véhicule, apparemment mal garé sur le trottoir du parking privé de la copropriété.
● Le 2 juillet 2019, Frédéric croise la police au volant de son véhicule alors qu’il est dans un bouchon. Son téléphone est posé sur le siège et sonne. Frédéric tourne la tête en direction de son portable alors qu’il est à l’arrêt. Un des policiers ouvre la fenêtre du véhicule de police tout en continuant sa route et dit « Vuillaume, pas de téléphone au volant ! ».
● Le 13 juillet 2019, Frédéric participe avec une centaine de gilets jaunes à une ouverture de péage. Il est un des seuls à être verbalisé d’une amende de 135 euros. Le même jour, lors d'une autre opération à un autre péage près de Besançon, Frédéric reçoit une nouvelle amende de 135 euros.
● Le 14 juillet 2019, lors du défilé du 14 juillet à Besançon, Frédéric est étranglé et mis à terre violemment pour avoir scandé un slogan avec une vingtaine de gilets jaunes. Les policiers les laissent libres mais à la fin de la cérémonie, alors que le groupe veut se rendre en ville, plusieurs fourgons de policiers arrivent avec la brigade cynophile pour procéder à son interpellation. Après avoir réalisé un contrôle d’identité, les policiers libèrent tout le groupe, sauf Marie et Frédéric, qui vont attendre plusieurs heures pour passer en audition libre et être enfin libérés. En arrivant au commissariat, un policier crie sur Frédéric et le prévient qu’il va bientôt recevoir son amende concernant le téléphone au volant.
● Le 30 juillet 2019, lors de l'hommage rendu à Steve devant le commissariat de Besançon, un policier leur lit un arrêté d’interdiction de manifester qu'il vient de rédiger, leur demande de finir leur hommage et de partir. Quelques jours plus tard, encore une amende de 135 euros est envoyée à Frédéric ainsi qu'à quatre autres gilets jaunes.
● Le 9 novembre 2019, Frédéric se dirige vers un gendarme pour protester, car celui-ci vient de gifler un manifestant mineur qui se contentait de filmer. Le gendarme brandit sa matraque télescopique et un autre le gaze copieusement. Ces faits se sont déroulés lors d'un rassemblement à Montfaucon, près de Besançon, où le secrétaire de LREM, Monsieur Stanislas Guerini, et la secrétaire d’État à l’écologie, Madame Brune Poirson, étaient attendus pour une conférence.
● Le 17 décembre 2019, à la suite d'une manifestation contre la réforme des retraites, un groupe de manifestants dont Frédéric fait partie veut interpeler le préfet, le maire et la présidente de Région, en manifestant sur la route à proximité du bâtiment où ils doivent se rendre. Après quelques minutes, des CRS poursuivent les manifestants dans les rues de Besançon. Alors que Frédéric a enlevé sa chasuble Force Ouvrière et que les manifestants sont dispersés, plusieurs fourgons de police arrivent en trombe. Frédéric est étranglé puis plaqué au sol et menotté, son porte-voix est saisi. D’autres personnes, dont une mineure, sont également conduites au commissariat. Après 24 heures de garde à vue, Frédéric est libéré avec deux autres personnes. Il est le seul à recevoir une convocation au tribunal pour le 17 février 2020 pour entrave à la circulation.
● Le 9 janvier 2020, à la suite d'une manifestation contre la réforme des retraites, une action est organisée sur une grosse artère de la ville de Besançon. Les CRS chassent la centaine de manifestants et les poursuivent dans le quartier populaire de Planoise. Une trentaine de manifestants se réfugient alors dans le hall de la piscine municipale. Les CRS les interpellent et procèdent à des contrôles d'identité. Frédéric est emmené au commissariat pour une période de 24 heures de garde à vue. Comme son avocat est en grève, les policiers en profitent pour présenter Frédéric devant le procureur de la République, qui menace de le présenter au juge des libertés et de la détention si Frédéric était une nouvelle fois interpellé. Frédéric sort de la garde à vue avec une deuxième convocation au tribunal le 17 février 2020, cette fois pour entrave à la circulation et complicité d'entrave. Le procès prévu le 17 février 2020 a été reporté, au grand dam du procureur, du fait de la grève des avocats.
● Le 31 janvier 2020, lors de la venue de Laurent Nunez et malgré une autorisation de manifester accordée à l'intersyndicale, un gendarme lui tord le bras alors qu’il était appuyé contre les boucliers des gendarmes et qu’il scandait des slogans. Un autre gendarme lui agrippe le visage pour tenter de le faire taire et de le faire reculer. Par la suite, Frédéric et les autres manifestants sont nassés 3 heures durant.
Face à ces abus policiers systématiques, défendons les libertés publiques élémentaires !
Nous, citoyennes et citoyens, militants associatifs, avocats, journalistes, élus, syndicalistes, auteurs, nous ne nous résignons pas face à ces attaques contre la liberté d'expression et de manifestation, au moment où, par ailleurs, la liberté d'information est mise à l’épreuve par la tendance à sanctuariser le «secret des affaires» au profit des grandes puissances économiques. Nous en sommes persuadés : nos démocraties, au niveau national comme au niveau régional, ont besoin de cette liberté qui, seule, garantit l’effectivité des droits des citoyens.
En tant que citoyen, chacun a le droit de connaître la réalité et d'exprimer librement ses choix politiques, quels qu'ils soient. Soutenir Marie et Frédéric Vuillaume face aux agissements dont ils sont l'objet, c'est défendre la liberté d’expression et de manifestation garantis par la Constitution. Pour celles et ceux qui le souhaitent, vous pouvez apporter votre soutien en signant cette pétition et/ou venir à leur procès, qui se déroulera à la cour d’appel de Besançon (1 Rue Megevand, 25000 Besançon) le 2 juin à 13h30. Vous pouvez également aider Marie et Frédéric financièrement par un don à cette adresse.
Merci à vous. ●●●