Les incuries d'Augias - À Marseille, de puissants marchands de sommeil
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Le parquet de Marseille a récemment ouvert une information sur des « conditions d’habitation contraires à la dignité des personnes » après un article du site Marsactu qui fait état de chambres louées au-dessus de garages par l’ex-président de la banque alimentaire. Mais la procureure de la République n’est pas au bout de ses surprises. Les documents de la copropriété, que nous avons consultés, font apparaître d’autres personnalités en vue. Parmi les propriétaires de ces logements de misère, l’adjointe de Gaudin en charge du logement pendant 12 ans et son mari...
C’est une plongée dans les écuries d'Augias. Celles de l’habitat insalubre à Marseille, un sujet qui a explosé à la face de la France entière en novembre 2018, avec l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne et ses huit vies ensevelies sous les gravats. Un traumatisme qui a marqué la ville et accentué durablement la fracture entre les élites locales et une partie de la population.
Augias ? C’est le nom improbable de la SCI par laquelle le scandale est arrivé, remettant au cœur de la campagne des municipales la question du mal-logement. Dans la mythologie grecque, les écuries d'Augias étaient si sales qu'Hercule dut détourner deux fleuves pour les nettoyer. On a beau être à Marseille et avoir le sens de la galéjade, comment ne pas rester bouche bée face à ce sommet de mauvais goût.
« Des 9 rue Mireille, il y en a partout dans Marseille ! ». Attablé jeudi 13 février dans un bistrot du quartier de Périer, Jacques Ansquer, 73 ans, semble un peu las. Depuis quelques jours, l’homme qui se cache derrière la SCI Augias fait face à une tempête médiatique. L’ex-président de la section locale de la Banque alimentaire s’estime « crucifié en place publique ». Et explique être tombé de « [son] placard ». Cet ex-assureur est pointé du doigt pour les 7 chambres qu’il loue dans une impasse située à quelques centaines de mètres de là. Des lieux comme celui-ci, on ne sait pas s’il en existe « des centaines » à Marseille, comme l’affirme notre interlocuteur. Ce qui est certain, c’est que la découverte de la copropriété de la rue Mireille a choqué et provoqué une cascade de réactions indignées.
La déflagration démarre lundi 10 février, lorsque Marsactu publie une enquête au titre explicite. « Le patron des assises de l’habitat de la métropole loue des logements indignes », titre ce jour-là le site d’information locale. Coralie Bonnefoy, journaliste signataire de l’article, révèle photos à l’appui les conditions déplorables dans lesquelles vivent les locataires de Jacques Ansquer. Le tableau est effrayant : des vies en souffrance confinées dans 9m2, le couchage, la douche et un semblant de cuisine dans une concrétion de pauvreté, des portes qui ferment mal, une aération défectueuse, des moisissures aux murs, pas de WC intérieurs, un système de chauffage précaire ou inexistant, des fils d’électricité qui pendent…
Mais il y a surtout le profil du « héros » de cette histoire sordide : le propriétaire siège comme administrateur du centre communal d'action sociale (CCAS), et il a présidé l’année passée des assises citoyennes de l’habitat, organisées par la métropole Aix-Marseille-Provence après le drame de la rue d’Aubagne. Un expert, donc.
Les chambres que nous avons visitées ressemblent à s’y tromper à une cellule de prison - même superficie, même entassement d’une vie de misère rassemblée sur quelques mètres carrés.
Quand nous le rencontrons le 13 février, Jacques Ansquer évoque pour sa défense « une opération de reconquête et de pacification » menée à travers le rachat progressif de ces réduits, avec d’autres. Copropriété vétuste voisine de la belle maison qu’il possède, le 9 de la rue Mireille représentait un point de crispation et de désordre pour le voisinage, dans ce quartier huppé de la bonne société marseillaise. Si la situation n’est pas parfaite, elle est à l’entendre nettement meilleure qu’il y a 15 ans. Ses chambres, Jacques Ansquer les loue 350 euros par mois à des personnes vulnérables en situation de faiblesse. Il emploie parfois le mot « patients », quand il en parle. Certaines sont handicapées, d’autres sortent de prison, ou sont sous tutelle.
Une bonne part du loyer est versée directement par la CAF (autour de 250 euros). Le propriétaire en fait étrangement un argument pour se dédouaner, soulignant que le prix acquitté, une fois déduit l’argent des allocations, revient à environ 3 euros par jour, sans se rendre compte qu’il ne sert pas vraiment sa cause. En effet, vu la contrepartie, le loyer n’est pas donné. Les chambres que nous avons visitées ressemblent à s’y tromper à une cellule de prison - même superficie, même entassement d’une vie de misère rassemblée sur quelques mètres carrés.
Jacques Ansquer le reconnaît : ces réduits sont un investissement « très rentable », concède-t-il au fil de notre échange. Mais l’essentiel n’est pas là, à ses yeux. Ce qu’il a mis en place figure même un modèle qu’il faudrait généraliser à l’ensemble d’une ville en souffrance et en manque de logements sociaux... Pris dans d’évidentes contradictions qu’il ne voit même plus, l’inventeur du « modèle » de la rue Mireille vante encore devant nous son caractère vertueux, puisque reposant sur l’initiative privée, « sans recours à l’argent public ». À ce stade d’aveuglement (ou de mauvaise foi), les mots n’ont plus de sens.
Ses clapiers, l’ancien patron de la branche départementale de la Banque alimentaire dit les avoir payés « autour de 30 000 euros » chacun – une estimation qui semble un peu suvitaminée, en tout cas pour certaines unités d’une « collection » démarrée en 2006 et constituée sur une dizaine d’années. Le week-end dernier, Jacques Ansquer s’apprêtait à ajouter à ce patrimoine deux nouvelles pièces, qu’il prévoyait de fusionner en un seul espace. De quoi offrir un logement « plus confortable ».
Il promettait au Média de dupliquer ce nouveau format pour répondre aux critiques soulevées depuis les révélations de cette sombre affaire. Les textes prévoient en effet qu’un bien doit ménager 9m2 habitable pour être loué. Pour les « studios » de la rue Mireille, la question était de savoir s’ils passent ou pas sous ce seuil, et sous une jurisprudence récente qui impose de soustraire au métrage la place occupée par les douches et les éviers - ce qui les ferait tomber dans l’illégalité. De toute façon, le collectionneur s’était visiblement résigné, comme il le reconnaissait devant nous : « On sera obligé d’y passer, c’est ce que m’a dit cette dame [une fonctionnaire des services de la ville venue visiter les lieux, NDLR], autrement ce sera interdiction de louer ! »
L'adjointe au logement parmi les propriétaires
En affaires, il n’y a pas de petits profits. Le marché de la misère n’échappe pas à cette loi. Jacques Ausquer, lui, n’est pas seulement marchand de sommeil. Il fait également commerce de ses réduits, qu’il achète et revend en engrangeant une plus-value. Cette autre corde à son arc, l’intéressé s’est gardé de nous en parler, bien que nous ayons passé deux bonnes heures avec lui. Nous la découvrirons après l’avoir rencontré.
Mais pour vendre, il faut des acheteurs. Et des acheteurs intéressés par ces quelques m2 de confinement, Jacques Ausquer en a trouvé. Pas n’importe lesquels.
La semaine dernière, pendant que la polémique montait, et qu’Ansquer tentait un contre-feu en vendant la qualité de ses logements à des journalistes de La Provence - ce qui lui vaudra un papier de commande comme le quotidien de Bernard Tapie sait en offrir aux notables épinglés dans des histoires embarrassantes -, d’autres investisseurs du 9 rue Mireille s’inquiétaient de la tournure des événements. Ils sont au total une vingtaine dans cette copropriété datant de 1955, et possèdent une ou plusieurs chambres dite « de service » ou de « domestique » au-dessus des garages. Des espaces normés, tous de la même taille.
Parmi ces propriétaires pris de sueurs froides, un couple d’avocats. Chez les Fructus, on a immédiatement saisi la nature de l’affaire. Son caractère explosif. On décide de prendre les devants. Le 12 au soir, un courrier part du cabinet Fructus à destination de l’Immobilière Pujol, syndic de la copropriété, pour demander la convocation séance tenante d’une assemblée générale extraordinaire. « TRES URGENT », précise l’en-tête de la missive.
Il faut éteindre le feu qui menace. La veille, l'après-midi du 11 février, le parquet de Marseille a diligenté une descente rue Mireille, suite à l’article de nos confrères de Marsactu. Une quinzaine d’agents, policiers et fonctionnaires des services sanitaires de la ville ont inspecté les lieux. Guidés par un Jacques Ansquer un peu dépassé, les visiteurs prennent des photos et des mesures dans tous les sens, et relèvent plusieurs points qui posent problème, notamment la superficie et la ventilation. Désormais, l’enquête préliminaire ouverte par le procureur de la République menace de se propager aux autres propriétaires.
« Qu’on ne croit pas que j’ai acheté un truc à 1 000 euros le m2 pour mettre une famille d’étrangers et me faire payer par la CAF ! Je suis à 600 lieux de tout ça ! ». Le jeudi 13 février, après avoir rencontré Jacques Ausquer, nous tentons de joindre à plusieurs reprises sur son portable Arlette Fructus, adjointe de Jean-Claude Gaudin. En vain. C’est son mari qui finit par rappeler, dans l’après-midi. Michel Fructus a des choses à dire. D’entrée, il précise que son épouse « est à l’hôpital avec son père » – on constatera le lendemain qu’elle aura pourtant trouvé le temps de répondre à une consœur, nous voilà rassurés.
De toute façon, l’avocat… spécialisé dans le droit des loyers l’assure : Madame « ne sait absolument rien de cette histoire », c’est lui et personne d’autre qui a acheté puis géré ces logements. « Mon épouse ne sait même pas où se trouvent les lieux objets de la polémique ! », enchaîne la voix, à l’autre bout du fil. Sur les documents du syndic et les baux que nous avons pu consulter, c’est effectivement le nom de Monsieur qui apparaît. Plutôt singulier, pourtant, qu’une élue se désintéresse ainsi d’un sujet dont elle est par ailleurs... en charge pour la municipalité.
En effet, Arlette Fructus aura été pendant des années l’adjointe au logement, à la politique de la ville et à la réhabilitation de la municipalité Gaudin. Quand son mari achète ces biens en 2015, elle exerce ses délégations depuis 7 ans. Et en dépit des efforts de son époux pour la protéger, elle est bien concernée par cette affaire puisque propriétaire elle aussi des chambres de la rue Mireille, le couple Fructus étant marié sous le régime de la communauté de biens.
Des paroles et des actes
Fille d’un ex-candidat PS à la mairie, le defferriste et ancien député René Olmeta, Arlette Fructus navigue dans le monde politique marseillais depuis une bonne double décennie. Membre du sérail sans jamais avoir appartenu au premier cercle de Jean-Claude Gaudin, qui l’a cantonnée à un statut de second rôle en dépit de ses aspirations, c’est elle qui, au lendemain du drame de la rue d’Aubagne, a été envoyée affronter les critiques pendant que le maire de Marseille restait retranché dans sa mairie, protégé par les CRS et plusieurs rangées de barrières anti-émeute.
Dans ces réunions, confrontée parfois à la parole vive des militants des associations contre le mal-logement, cette centriste tendance radicale proche de Jean-Louis Borloo, également conseillère régionale et vice-présidente de la métropole, apparaissait un peu décalée mais bravache, donnant l’impression de ne pas vraiment avoir la main mais d’être de bonne volonté. Ce qui lui valait une forme de sympathie et d’indulgence chez certains, pendant que Gaudin et les tenants du « système » étaient promis au bûcher.
Début janvier, la très conventionnelle Arlette Fructus avait surpris tout son monde, peut-être pour la première fois de sa longue carrière, en démissionnant avec fracas de sa délégation au logement. Elle avait alors porté des propos peu amènes sur l’inaction de la municipalité pour répondre aux attentes et aux conséquences de la catastrophe de la rue d’Aubagne. « La coupe est pleine » ; « le logement n’a jamais été une priorité pour l’équipe municipale » ; « la charte du logement n’est jamais appliquée »... La presse locale s’était faite l’écho des propos accompagnant ce désengagement aussi tardif qu’étonnant, d’autant que la démissionnaire... a conservé par ailleurs ses délégations à la politique de la ville et à la rénovation urbaine.
Conscient de l’image dévastatrice d’une affaire et de pratiques sapant un peu plus la confiance dans les élus et la démocratie, le conjoint de Madame Fructus insistera au téléphone auprès du Média pour tenter de se différencier du « modèle » de leur voisin - « deux mondes qui n’ont rien à voir », à ses yeux. Les photos que l’avocat nous adressera présentent des chambres certes mieux rangées que celles visitées chez Jacques Ansquer, mais au confort plus que sommaire. Même confinement, même disposition, même combo douche/coin « cuisine »/lit. Même volume ou à peine supérieur, selon les mesures retenues par les loueurs - sur les baux de location, les chambres du couple Fructus affichent une superficie de 9,30 m2. Si on repère sur les images un chauffage, celui-ci (un modeste convecteur électrique de type « grille-pain ») semble insuffisant vu la « qualité » du bâti et une isolation plus que précaire. Les parois ne sont pas plus épaisses qu’en face, les boiseries des vitres sont anciennes et en mauvais état. Là encore, les toilettes sont à l’extérieur, sur le palier – et partagées.
Le loyer est en revanche inférieur à celui pratiqué au-dessus des garages d’en face, chez l’ex de la Banque alimentaire : 280 euros (avec les charges, électricité non comprise) contre 350 euros. De ses locataires, Michel Fructus prétend qu’ils sont insérés et travaillent. « Des gens qui ont un métier », précise-t-il, « en parfaite santé psychologique ». Des profils qui seraient donc différents, ce qui suffirait à « normaliser » en quelque sorte ces locations, écartant le loueur de l’infamant qualificatif de marchand de sommeil. Sur un bail que nous avons consulté, on découvre qu’une des chambres est louée à un ressortissant colombien, de 28 ans, ce qui ne préjuge de rien en matière d’insertion.
En revanche, page 5, le document porte une étrange mention. Sous une tête de chapitre intitulée « Clause résolutoire et clause pénale », on lit ceci : « En préambule il est ici expressément convenu entre les parties que si monsieur X [nom du locataire anonymisé par nos soins, NDLR] venait à avoir une difficulté pour sa résidence régulière en France, il pourra être expulsé sur simple demande du propriétaire »… Curieuse relation entre un locataire « inséré » et son loueur. Toujours avec la préoccupation de se différencier du « modèle » de Jacques Ansquer, Michel Fructus assure ne pas toucher directement d’aides de la CAF. Et ne pas savoir si ses locataires en perçoivent. Pourtant, le contrat de location se préoccupe bien de l’argent des allocations, laissant penser qu’il est en réalité un élément essentiel de l’équilibre économique et de la rentabilité des lieux. Le bailleur a tenu à cette précision : « il est convenu ici que la (sic) locataire s’engage à ce que les sommes payées par la CAF soient directement versées entre les mains du propriétaire par cet organisme ».
Interrogé par Le Média sur l’origine de ce patrimoine, notre interlocuteur précisera simplement avoir acquis ce lot « en passant par un agent immobilier ». Sans jamais citer le nom du vendeur. Pourtant, l’acte de vente qui a permis aux Fructus de devenir propriétaires est sans équivoque. Sa consultation laisse une impression désagréable. Celle d’un monde en vase clos : Jacques Ausquer possédait deux de ces chambres en nom propre avec son épouse, et la troisième via la fameuse SCI Augias. La cession a été officialisée le 25 mars 2015, pour 100 000 euros.
À Marseille, l'épineuse question du logement
Que les pauvres soient logés par les riches, les miséreux par les possédants, rien de nouveau ici. L’histoire est vieille comme le monde, que ce soit à Marseille ou ailleurs. En revanche quand les seconds, propriétaires de taudis, occupent des positions de pouvoir, d’autorité ou d’expertise sur les questions de la pauvreté et de l’habitat, et qu’ils ont la main sur la politique publique du logement, le problème est d’une toute autre nature. Le conflit d’intérêt patent, les contradictions aussi criantes que scandaleuses.
Surtout quand la dite politique du logement social est comme à Marseille notoirement déficiente - avec cette autre spécialité locale perpétrée depuis Defferre consistant à loger des « fils de » dans des appartements (surclassés) du contingent social public, au détriment de ceux qui en ont réellement besoin. Une inaction dont les élus de droite comme de gauche se sont toujours satisfaits aussi bien sous les municipalités Defferre, Vigouroux ou Gaudin. À la table des conseils d’administration des satellites de la ville chargés de ces sujets, on a toujours pris soin de réserver un ou deux sièges à l’opposition, ainsi qu’un lot d’appartements à distribuer à quelques affidés. Rien de plus efficace pour s’assurer de leur silence et de leur complicité. Voilà donc comment le « système » (dys)fonctionne depuis des années, transférant de fait la charge (et les profits) du logement social au privé. Et à de biens discrets propriétaires de logements pas vraiment dignes.
Au moment où démarrait l’affaire de la rue Mireille, estimant la question du logement à Marseille insuffisamment prise en compte dans les programmes des candidats à la mairie de Marseille, une trentaine d'associations (parmi lesquelles la fondation Abbé Pierre, ATD Quart Monde, le DAL, le Secours catholique, Médecins du Monde ou encore l'Armée du salut) ont adressé aux candidats un document dans lequel sont listées 60 mesures jugées directement applicables, inspirées d’expériences menées dans d'autres villes.
Ce texte de 17 pages appelle à un véritable « plan Marshall » indispensable pour lutter contre l'habitat indigne à Marseille. Dans une ville où 80% du logement social est assuré par le parc privé, les signataires préconisent notamment de contraindre les propriétaires de logements indignes à réaliser les travaux, de « renforcer les moyens judiciaires pour lutter contre les marchands de sommeil », « que la ville se constitue partie civile et engage des procès » contre ceux-ci, de « créer une police déléguée à la protection des habitants victimes de l'habitat indigne » ou encore « d’étendre le permis de louer ».
Désormais, autour de la rue Mireille, l’heure est au sauve-qui-peut. Ou de ce qui peut l’être. Michel Fructus se désole, parle d’une « catastrophe humaine » et se dit « au bord du divorce ». Tout en se plaignant d’être victime de sa qualité de consort. Jacques Ansquer, lui, explique à demi-mot avoir été ciblé pour quelqu’un d’autre. À travers sa personne, il s’agirait de viser Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille, qui l’avait choisi en tant que présidente de la métropole pour piloter ès-qualités les assises de l’habitat. Bref, les parapluies sont grands ouverts.
Dans la presse locale, on a pu lire ici ou là que l’information ouverte par le parquet aurait été élargie aux autres propriétaires de la rue Mireille. Rien n’est sûr, à ce stade. Sollicitée par Le Média, la procureure de la République Dominique Laurens nous a renvoyé un mail, ce vendredi 21 février. Une réponse plutôt sur la réserve : « Je vous indique que l’enquête se poursuit actuellement et est confiée à la sûreté départementale. Cette enquête vise les conditions de mises à disposition des logements dans cet ensemble immobilier avec la question de la surface habitable de logements inférieure à 9 m2 les rendant impropres par nature à l’habitation. En fonction des éléments recueillis nous orienterons l’enquête vers le ou les propriétaires de ces appartements qu’il appartient à l’enquête judiciaire d’identifier et d’entendre. L’enquête administrative en cours conduira ou non à la prise d’arrêtés d’insalubrité pouvant conduire à un relogement ».
L’assemblée générale extraordinaire de la copropriété, elle, devrait se tenir rapidement. Certainement avant la fin du mois. Elle promet d’être sportive. Pour la petite histoire – à Marseille, ça compte... -, une autre personnalité en vue recevra une convocation en bonne et due forme. Nous avons cherché à la contacter il y a deux semaines après avoir découvert qu’elle possédait également un titre de propriété au 9 rue Mireille. Sur notre téléphone, le nom de Samia Ghali était apparu peu de temps après, quand elle nous avait rappelé.
La sénatrice, ex-socialiste, elle aussi engagée dans la bataille des municipales, confirmera qu’il s’agit d’un simple garage. Acheté en même temps qu’un appartement dans un immeuble voisin en 2005, ce box est aujourd’hui loué et abrite une berline dont le standing contraste avec la misère du dessus. Au cours de l’échange, la parlementaire confiera son étonnement, face à des pratiques qu’elle affirme découvrir. Au lendemain de l’effondrement de la rue d’Aubagne, elle avait déjà proposé d’instaurer un permis de location. « Si le logement n’est pas en bon état, le propriétaire n’a pas le permis et ne peut pas louer, expliquait-elle alors. Cela permet de lutter contre les marchands de sommeil ». Et de préciser ceci avant de raccrocher, et replonger dans le feu de la campagne électorale : « Je ne me serais jamais permise de louer un taudis ». Son appartement voisin également occupé par un locataire, la sénatrice vit désormais dans la villa qu’elle possède au Roucas, de l’autre côté de la colline, face à la mer. Loin des écuries d’Augias.
Photo de Une : L'entrée du 9 Rue Mireille. Crédits : Olivier-Jourdan Roulot / Le Média.