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La vague et le feu : après les condamnations, le nouveau souffle de la rue catalane

Par Téo Cazenaves

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Après la lourde condamnation des leaders indépendantistes - de 9 à 13 ans de prison pour 9 d'entre eux -, la Catalogne a vécu une chaude semaine, rythmée par d'importantes émeutes et des formes de luttes inédites. Notre reportage.

Lundi 14 octobre, 12h59. Sur plus de 200 000 téléphones portables disséminés un peu partout en Catalogne, une notification de la messagerie chiffrée Telegram  : « Tous à l’aéroport  ». L’expéditeur : le mystérieux collectif Tsunami Democràtic.

Le matin même, le Tribunal Suprême annonçait le verdict pour lequel toute l’Espagne retenait son souffle : de 9 à 13 ans de prison pour neuf des leaders indépendantistes catalans, impliqués dans l’organisation du référendum d’autodétermination du 1er octobre 2017, déclaré illégal par Madrid. En février dernier, Le Média racontait les premières audiences et les enjeux de ce procès historique :

En Espagne, le procès des indépendantistes catalans ouvre un nouveau cycle politique
À Madrid, le procès des douze indépendantistes catalans jugés pour l’organisation du référendum d’autodétermination du 1er…

13 ans, donc, pour le principal accusé, l’ancien vice-président du gouvernement catalan, Oriol Junqueras ; de dix ans et demi à douze ans pour cinq des « consellers  », les ministres du Govern ; onze ans et six mois pour Carme Forcadell, alors présidente du Parlament ; et neuf ans pour Jordi Sànchez et Jordi Cuixart, respectivement responsables des plateformes associatives indépendantistes ANC et Òmnium Cultural. Pour la droite et l’extrême-droite espagnoles, très sensibles sur la question catalane (c’est notamment sur le sujet que la nouvelle formation Vox s’est consolidée), il s’agit d’un verdict bien trop clément – il ouvre notamment la voie à un régime de semi-liberté : ses leaders n’ont eu de cesse de répéter qu’ils souhaitaient des peines exemplaires pour ceux qu’ils qualifient de « golpistas  » [« putschistes »].

Le socialiste Pedro Sánchez, actuel chef du gouvernement, s’était fait remarquer lors des mois chauds de l’automne 2017 par ses fréquentes sorties anti-indépendantistes. Lundi matin, quelques heures avant l’annonce du verdict, le gouvernement a maladroitement tenté de faire taire les critiques en publiant une vidéo dans laquelle les ministres se targuaient de vivre dans « l’une des démocraties les plus consolidées du monde  ».

La FIDH (Fédération internationale pour les droits humains) s’était pourtant alarmée quelques jours plus tôt que « les conditions d’un procès équitable ne [soient] pas réunies en raison de l’absence de débat contradictoire  », et avait condamné « les atteintes multiples et répétées des droits de la défense  ». L’abandon du chef d’accusation de rébellion n’a pas suffi à freiner la colère de nombreux Catalans, abasourdis par les lourdes peines que devront purger leurs anciens dirigeants, issus des deux partis majoritaires de l’indépendantisme.

Liberté ou révolte.

Dans l’une des 493 pages du verdict, les juges justifient d’ailleurs la condamnation pour sédition de Jordi Cuixart par le fait que « la sédition n’est pas autre chose qu’une désobéissance tumultueuse, collective et accompagnée de résistance ou de force  ». Plusieurs activistes se sont élevés en Espagne contre cette interprétation extensive, qui pourrait ouvrir la voie à la criminalisation des militants contre les expulsions , qui ont l’habitude de se regrouper devant les portes des personnes menacées pour empêcher la police de les mettre à la rue. « Interpréter la sédition de cette manière criminalise de nombreuses actions de simple protestation et de manifestation : cela suppose donc une atteinte grave et injustifiée aux libertés démocratiques fondamentales  », abonde le juriste José Luis Martí.

La première victoire du Tsunami

« Tous à l’aéroport  ». Rapidement, de longs cortèges garnis de drapeaux indépendantistes se mettent en branle sur les routes menant à l’aéroport international d’El Prat. Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent les touristes déboussolés marcher avec leurs valises sur le bord des voies rapides. Sur place, plusieurs milliers de personnes sont finalement rassemblées.

Crédits : Pau Barrena / AFP.

La première action du Tsunami Democràtic, surprise et inhabituelle, est un succès : plus de 110 vols annulés. Là-bas, la police tente de déloger les manifestants : un jeune de 22 ans perd un œil, atteint par un tir de LBD ; un trentenaire perd un testicule détruit par les coups de matraque. À 18h31, les canaux du Tsunami Democràtic émettent un nouveau communiqué : ses instigateurs annoncent que 1200 voitures ont été déplacées près de l’aéroport Barajas de Madrid, pour en limiter l’accès.

Sur place, la circulation est effectivement difficile, mais rien d’inhabituel pour un lundi soir pluvieux : par ce qui ressemble aujourd’hui à un habile coup de bluff, le Tsunami réussit à attirer un peu plus l’attention médiatique. À 21h20, le visage de Pep Guardiola apparaît sur fond noir, dans une vidéo du même Tsunami. L’entraîneur catalan, aujourd’hui aux commandes de Manchester City, y dénonce pour le collectif « une attaque directe aux droits humains  » et « une dérive autoritaire  » qui « utilise la loi antiterroriste pour criminaliser la dissidence  ». « Cette lutte non-violente ne s’arrêtera pas tant que la répression ne s’achèvera pas et que le droit à l’autodétermination ne sera pas respecté  », poursuit le coach et porte-parole, qui conclut par ces mots : « il faut s’asseoir et discuter  ».

Le soir venu, des milliers de manifestants – dont de nombreux étudiants – se réunissent Via Laietana, qui relie le port de Barcelone au quartier de l’Eixample. A 21h47, le Tsunami se félicite du succès de sa première opération et annonce la fin de l’occupation de l’aéroport, étonnant une partie des manifestants mobilisés.

Barcelone, rose de feu

Le mardi 15 octobre, seuls quelques camions de police stationnés devant les portes du terminal 1 rappellent aux voyageurs de l’aéroport d’El Prat les événements des dernières heures. La ville semble plongée dans l’expectative. La vie suit son cours.

Le soir venu, plusieurs organisations – dont l’ANC et Òmnium – ont convoqué une manifestation devant le siège de la délégation du gouvernement espagnol à Barcelone. Sur place, tous les accès sont bouclés par les polices espagnole et catalane à l’aide de nombreuses grilles de fer. Militants d’âge mur qui allument des bougies destinées aux prisonniers, lycéens qui portent en cape l’ estelada , le drapeau de la Catalogne indépendante, étudiants au visage recouvert : l’assistance est plurielle, comme les comportements face aux barrages policiers.

Première scène : des centaines de manifestants font face aux forces de l’ordre et entonnent plusieurs slogans – « les rues seront toujours à nous  », « contre le verdict, désobéissance  », « dehors les forces d’occupation  » -, attentifs aux sommations et à la forme que prendra la réaction de ceux qui leur font face, armés de matraques et de lanceurs de balles de défense.

Deuxième scène : d’une estrade vide, des haut-parleurs crachent une chanson dont les paroles appellent à la résistance pacifique, sous le regard attentif d’un vigile. Une dame prend le micro au milieu d’une assistance de cinquantenaires : « Les Catalans ne sont pas violents : ni par action, ni par omission. La violence n’a jamais fait partie de leurs coutumes et n’en fera jamais partie, jamais  ».

Troisième scène : des visages masqués font face aux policiers. « Les Mossos sont aussi des forces d’occupation  », entend-on, loin de la sympathie que cette police du gouvernement catalan – composée de Catalans, donc forcément divisée au sujet de l’indépendance – suscitait auprès d’une partie du mouvement lors du référendum de 2017. De nombreuses bouteilles en verre éclatent sur les boucliers des agents impassibles ; de l’arrière du cortège, de gros containers remontent vers les barrières de fer et ouvrent finalement une brèche dans le barrage.

Dans la confusion qui règne, il est difficile de déterminer si les sommations d’usage ont bien été prononcées. Brusquement, les policiers chargent les grilles qu'ils ont eux-même installées, les enjambent et poursuivent les manifestants auxquels ils assènent de nombreux coups de matraque dans la panique générale, accentuée par le bruit des tirs de LBD. Ceux qui étaient massés près des grilles se réfugient dans les rues adjacentes.

Là, les plus âgés sont partis et ont laissé derrière eux une preuve involontaire de solidarité : la cire enflammée des bougies fondues brille sur l’asphalte. Cartons, containers : des barricades flamboyantes s’érigent entre les quartiers de l’Eixample et de Gràcia. Face au brasier : « Tu ne les changeras pas. Ni en cramant, ni en levant les mains. Ils sont comme ils sont  », dit une femme à un jeune homme masqué.

« Les gens sont remontés depuis longtemps : on essayait de mener une protestation pacifique, mais à partir du moment où un gouvernement fasciste met des gens innocents en prison, la paix devient très instable  », explique Joan, un manifestant de 26 ans qui observe les mouvements des forces de police près de containers en feu. « C’est la goutte qui fait déborder le vase. Je ne suis pas d’accord avec le fait de brûler, mais il y aussi des gens plus radicaux, et il faut faire avec eux : c’est une protestation vraiment transversale. Il n’y a pas que des gens qui brûlent. Le feu, c’est ce que l’on voit, ce qui attire l’attention. Mais ici, nous sommes plus de deux millions à protester, et chacun le fait à sa manière  ».

Plus loin, un vieux monsieur, excédé de voir sa rue en flammes - « Je suis fatigué des fascistes  » -, se saisit d’une planche de bois avec laquelle il tente d’éteindre une barricade en feu. De jeunes manifestants s’inquiètent et tentent de le convaincre : le plastique et le verre ont déjà explosé à plusieurs reprises.

« Quelle image ça donne, en France ?  », s’interroge un étudiant de 22 ans, qui n’en revient pas de voir Barcelone en flammes – en 1909, avec les révoltes populaires de la Semaine tragique, la cité catalane s’était vue renommée « Rosa de foc  », la « Rose de feu  ». « C’est très inhabituel  », poursuit-il. « Mais du Nord au Sud, la répression est très violente, c’est pour ça aussi que les gens n’en peuvent plus. La seule chose qu’ils demandent, c’est un référendum. Pas un salaire de 40 000 euros par mois : pouvoir voter, à travers un référendum pacté avec l’Espagne  ».

23h24, dans le quartier de Gràcia. Les policiers et les manifestants jouent au chat et à la souris. Les premiers semblent dépassés : à peine ont-ils ouvert la voie aux pompiers que d’autres containers s’embrasent un peu plus loin. Dépassés, à tel que point que leur riposte semble particulièrement dangereuse : de très fréquents tirs de LBD, tandis que leurs véhicules foncent vers la foule pour l’obliger à détaler.


En face, quelques militants aguerris, mais beaucoup de jeunes adolescents au visage découvert qui portent en cape le drapeau catalan. « Nos enfants, les fils du 1er octobre, veulent gagner et méritent notre soutien  », écrira quelques jours plus tard l’éditorialiste indépendantiste Vicent Partal. Un slogan, plusieurs fois répété : « Visca Terra Lliure  », du nom du groupe indépendantiste qui avait tenté, il y a trente ans, d’obtenir l’indépendance par les armes. Quelques heures encore, quelques containers, et la Rose de feu s’éteint sous les lances des pompiers.

500 000 personnes dans les rues

Au troisième jour, les « Marches pour la Liberté  » s’élancent de cinq grandes villes catalanes : Gérone, Vic, Berga, Tarrega et Tarragone. Chapeautées, une fois de plus, par l’ANC et Òmnium, elles convergeront le vendredi vers Barcelone. Ce mercredi soir, c’est au croisement de la Gran Via et de la Rue de la Marina que se regroupent les manifestants. L’ambiance est festive : les 22 000 personnes réunies là jettent des rouleaux de papier hygiénique avant le départ de la marche : mêlés aux drapeaux catalans, la scène offre une impression trompeuse de calme retrouvé.

Le cortège se met en branle. Arrivé à la place de Tétouan, les esprits s’échauffent : les policiers ripostent aux jets de pierre par des tirs de LBD. Nouvelles barricades. Un agent sermonne les journalistes qui s’approchent trop à son goût de la ligne de front : « vous allez vous faire ouvrir la tête, et on dira encore que c’est de notre faute !  ». Même scénario que la veille : barricades enflammées et courses folles des camions de police.

Le jeudi, les affrontements nocturnes se poursuivent, mais l’attention est rivée sur le jour prochain : le vendredi, les épais cortèges des « Marches pour la Liberté  » entrent dans Barcelone. La grève générale, convoquée par les syndicats indépendantistes, est suivie par 35 % des fonctionnaires, 43 % des personnels de l’éducation et plus de 60 % des commerçants, selon les chiffres de la Generalitat , qui relève néanmoins que dans la plupart des secteurs, le chiffre n’atteint pas 50%. Le cortège de la manifestation de l’après-midi regroupe plus de 500 000 personnes. Le soir venu, les affrontements reprennent de plus belle sous les canons à eau de la police. De nombreux journalistes et manifestants font les frais de la tension policière. Le gouvernement catalan multiplie les appels au calme.

Le jeu d’équilibriste du gouvernement catalan

579 blessés, dont 60 journalistes ; 4 manifestants avec un œil en moins : les armes des polices espagnole et catalane ont fait des ravages. Dans leurs rangs, 300 agents sont atteints, selon les chiffres de la conseillère à la Santé catalane. Depuis le 30 avril 2014, les Mossos d’Esquadra n’ont plus le droit d’user de balles de défense : ils tirent cependant des projectiles de mousse, appelés « foam », qui, couplés aux balles de défense que lancent toujours les LBD de la Policía Nacional , ont fait de nombreux dégâts. Le gouvernement catalan se débat dans un entre-deux délicat : Quim Torra, l’actuel président indépendantiste, à la tête de la Generalitat depuis le départ de Carles Puigdemont pour Bruxelles, soutient officiellement le mouvement de contestation du verdict. Torra a même participé à l’une des « Marches pour la Liberté », et affirmait jeudi soir à nos confrères de l’Indépendant que si « la violence ne nous représente pas  », « toutes les manifestations expriment le profond mécontentement de la société catalane face à des sentences injustes  ». Sous les ordres du même Torra se trouve pourtant Miquel Buch, conseiller à l’Intérieur, dont les manifestants n’ont eu de cesse de réclamer la démission après le lourd bilan des jours passés.

Une "révolte populaire" ?

Émeutes, longues marches, routes barrées, grève générale, occupations : en une semaine, les opposants au verdict ont déployé plusieurs formes de mobilisation, pour certaines inédites. « En Catalogne, nous assistons actuellement à ce que l’on peut appeler une « révolte populaire », un moment d’effervescence sociale et politique  », note le sociologue Arkaitz Letamendia, interrogé par Le Média. « C’est une population qui s’est sentie humiliée, attaquée, qui a été réprimée, et qui pendant deux ans a « couvé » ces formes d’organisation  ».

Qui sème la haine récolte la rage.

Au point d’envisager l’offensive envers les forces de l’ordre, une pratique très peu répandue lors des mobilisations indépendantistes des dernières années. « Dans un cycle de protestations comme celui-ci, la gamme des formes de mobilisation – qui peuvent être plus ou moins dans la confrontation, plus ou moins originales, plus ou moins symboliques – s’étend, tant quantitativement que qualitativement  », poursuit Letamendia. « C’est un conflit socio-politique : les promoteurs [des mobilisations] , comme en Catalogne, peuvent tout à fait – et de manière légitime – opter pour la désobéissance civile non-violente. Mais il n’est pas possible de contrôler 2 millions et demi de personnes qui se sont senties véritablement humiliées  ».

Nouvelle vague

Pendant six jours, les promoteurs du Tsunami Democràtic ont appelé à grossir les rangs des mobilisations convoquées par les autres plateformes, et à rejoindre leur application sécurisée, à laquelle on accède à l’aide d’un QR Code fourni par une personne déjà inscrite. Le collectif a promis d’annoncer rapidement d’autres opérations pour renforcer « une désobéissance civile massive  » qui « ne s’arrêtera pas tant que l’État espagnol n’aura pas reconnu qu’il doit affronter le problème politique  » via « le dialogue et l’exercice démocratique  ». Au 20 octobre, près de 360 000 personnes avaient rejoint le canal Telegram du collectif.

D’une certaine manière, l’action inédite du Tsunami tranche avec les manifestations traditionnelles et ritualisées de l’indépendantisme, tenu par les partis et les plateformes associatives. La dernière fête nationale catalane, le 11 septembre 2019, habituel moment de fortes mobilisations, n’a réuni qu’un cortège de 600 000 personnes. Le chiffre peut paraître conséquent : il est cependant inférieur à celui des éditions précédentes, pour lesquelles le mouvement arrivait parfois à réunir plus d’un million de personnes sur un territoire en regroupant 7 millions et demi. « Les réseaux sociaux laissent une petite marge de manœuvre à l’auto-organisation des peuples en lutte pour leurs droits, comme dans le cas de la Catalogne. C’est le cas du Tsunami Democràtic : il y a une expansion et de l’innovation dans les formes de lutte  », abonde Arkaitz Letamendia.


Les discrets militants du Tsunami réussissent pour l’instant à se maintenir dans un entre-deux tactique. Lorsqu’ils communiquent, ils rappellent systématiquement que leur action est non-violente. Mais ne condamnent pas les modes d’actions choisis par d’autres manifestants : dans une interview par écrit accordée à nos confrères de TV3, ils disent vouloir se refuser à la « discussion de plateau télé  » [« tertulia  »]. A l’inverse de plusieurs plateformes traditionnelles de l’indépendantisme – Òmnium et l’ANC notamment – qui s’inquiètent d’une « spirale périlleuse, qui pourrait à la fois générer des dommages irréparables et augmenter les niveaux de souffrance  », et affirment que la confrontation ne permettra « aucune avancée  » pour la cause des prisonniers ou la résolution du conflit politique.

L'Espagne ingouvernable ?

« La riposte populaire massive, initialement impulsée par Tsunami Democràtic, mais par la suite prise en charge surtout par les CDR [Comités de Défense de la République, NDLR] , met en porte-à-faux l'indépendantisme majoritaire qui était déjà très divisé avant le prononcé des sentences contre les prisonniers politiques. Le débat sur violence/non violence déstabilise et fracture plus encore cette représentation politique de l'indépendantisme : tout un secteur de la jeunesse est en rupture avec le pari de la modération et des manœuvres institutionnalistes qui la caractérise  », relevaient en ce sens les militants du Collectif montpelliérain de solidarité avec le peuple catalan.

Le Tsunami est dans le collimateur des autorités espagnoles. Le 15 octobre, Fernando Grande-Marlaska, ministre de l’Intérieur, assurait qu’il finirait « par savoir qui est derrière  ». Vendredi, le site original était bloqué par ses services, avant que le collectif ne riposte en faisant apparaître des sites miroirs.

A Barcelone, la journée du samedi signait le retour à un calme relatif : quelques milliers de manifestants ont protesté pacifiquement devant les policiers. Depuis lundi, 179 personnes ont été arrêtées, 18 d’entre elles se trouvent en détention provisoire. Le 11 novembre, l’Espagne votera à nouveau : Sánchez et les socialistes n’ont pas réussi à déterminer qui pourraient être leurs alliés pour un gouvernement majoritaire – mais savent par contre qu’ils ne veulent pas de Podemos.

Entre temps, l’avenir politique pourrait cependant se jouer dans les rues catalanes, où la vague du mécontentement menace les rives fragiles d’une Espagne qui semblerait presque ingouvernable.


Sauf indications contraires, toutes les photos sont de l'auteur.

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