Parce qu’il n’est plus possible que seuls “les milieux autorisés” soient autorisés à penser notre monde, ses réalités et ses combats. Cette émission se veut le carrefour des intellectuel·le·s, penseuses·eurs et actrices·eurs des luttes sociales dissident·e·s et/ou invisibilisé·e·s.
Montée du fascisme : que faire ?
"Face à la menace fasciste" : c'est le titre du livre récemment publié aux éditions Textuel par Ludivine Bantigny, historienne des engagements politiques depuis la Commune de Paris jusqu'à nos jours, et Ugo Palheta, sociologue, auteur de "La possibilité du fascisme" (La Découverte, 2018). Tout indique en France depuis le milieu des années 2010, et chaque jour qui passe un peu plus, l'accélération d'un mouvement de restriction des libertés publiques, de montée des violences policières (visant aussi bien les populations racisées des banlieues que les opposants à la radicalisation des politiques néolibérales comme les gilets jaunes), enfin de confiscation des médias par le pouvoir d'Etat et les grands intérêts financiers ‒ avec pour conséquence l'imposition en lieu et place de débat public d'un discours d'extrême droite dominant, jusqu'aux appels plus ou moins implicites au nettoyage ethnique.
Dressant le constat alarmant de cette fascisation française, L. Bantigny et U. Palheta en montrent les causes structurelles. L'incapacité avérée de la gauche de gouvernement à porter tout projet alternatif a laissé libre cours au renforcement incessant de la domination capitaliste, avec pour conséquence la dégradation des conditions d'existence de la grande majorité de la population. L'impossibilité pour le pouvoir de créer un consensus susceptible de faire accepter les conséquences désastreuses de ses politiques ne lui laisse d'autre option pour se perpétuer qu'une combinaison d'autoritarisme généralisé, de répression policière effrénée et de diversion par désignation de boucs émissaires (les immigrés, les musulmans).
Comment résister ?
Pour les deux invités de cet épisode d'"On s'autorise à penser", il ne s'agit ni de "défendre la démocratie" (comme le préconise la classe dirigeante intéressée à confisquer à son profit le "vote utile"), ni de l'"approfondir" (comme le préconisent les plus progressistes des défenseurs du système), mais bien de la conquérir.
Julien Théry, pour Le Média, débat avec eux au sujet des dilemmes stratégiques auxquels se trouve confrontée, face à la montée du fascisme, la gauche digne ce nom.